Le Réveil de l'Eau

L’Eau… élément à l’origine de toute vie. Symbole de pureté, de beauté et de transparence, mais également de mystères, l’Eau n’a cessé d’intriguer. Image de fragilité mais aussi de force, aussi douce que violente, cet élément est des plus changeants. Bien que calme et d’une sérénité sans pareille, donc propice à la vie, l’Eau peut se montrer des plus destructrices et, ainsi, amener la mort sur son passage. C’est donc un élément des plus changeants, agissant au gré de ses fantaisies.

Mais l’Eau ne fut pas le premier à s’éveiller. Au départ, il y eut Chaos, père de tous. Apparurent alors les Ténèbres et à la Lumière, car l’un ne peut vivre sans l’autre. Ensuite, les quadruplés arrivèrent : le Feu, la Terre, l’Air et l’Eau. La combinaison de ces quatre éléments donna naissance à une multitude de formes de vie. C’est alors que naquirent Nyx, Erèbe, Eros, Gaïa et beaucoup d’autres divinités primitives. En se liant à Ouranos, Gaïa donna naissance aux Titans. Cronos, l’un d’eux, se rebella contre le joug d’Ouranos et tua celui-ci, prenant ainsi le pouvoir. Sous ses ordres furent créent la race des Hommes, grâce à Prométhée. Epiméthée, son frère, tenta de copier son frère, mais son manque d’ingéniosité et son désir de fantaisies l’amenèrent à créer les Animaux. Cet Age d’Or dura jusqu’au moment où Cronos fut défait par ses enfants et la future race qui allait régner sur le Monde : les Olympiens. L’Age d’Argent le succéda, suivi lui-même par l’Age de Bronze et pour finir avec l’Age de Fer, toujours sous le regard des Olympiens qui n’avaient de cesse de s’affronter, rongés par leurs désirs de puissance, ne se préoccupant plus guère de leur père originel. Quelle folie ! Mais cela allait changer : une nouvelle ère s’apprêtait à débuter !

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Shuyin naquit il y a 23 ans au sein d’une famille modeste, dans un petit village, au sud de Tokyo. Enfant unique, Shuyin resta très solitaire durant son enfance. Il était très souvent seul et ne cherchait pas la compagnie des autres enfants de son âge, préférant dessiner dans son coin ou lire. Il s’intéressait beaucoup aux contes et aux légendes, donc à la mythologie, en particulier grecque. Lorsqu’il lisait ce genre de livre, son esprit plongeait dans un monde de merveilles où il pouvait utiliser son potentiel imaginatif à son maximum. Mais bien d’autres sortes de livres l’intéressaient : historique, car il trouvait important de connaître son passé pour ne pas refaire les mêmes erreurs que ses ancêtres, les romans, les BDs, etc.

Mais le renfermement du garçon s’était encore accru avec sa situation familiale délicate : au fur et à mesure que passaient les années, les parents de Shuyin se disputaient de plus en plus. L’enfant, ne sachant comment réagir, s’effaçait et s’enfermait dans sa chambre, dessinant pour extérioriser ses émotions ou lisant pour fuir la réalité.

Une autre passion apparut alors qu’il devait avoir à peine sept ans : la nage. Lorsqu’il était dans l’eau, Shuyin se sentait comme transporté dans un autre monde. L’eau sur son corps l’apaisait. Une étrange sensation de bien-être intense s’emparait alors de lui. Il se sentait comme appartenant à cette étendue translucide, ne faisant qu’un avec elle. En y plongeant, il avait même l’impression d’y entendre un son ou plutôt une douce mélopée. Bien souvent il aurait voulu rester là, ne plus remonter à la surface, se fondre totalement dans cet élément, qui lui paraissait être le plus beau et le plus mystérieux de tous.

Pourtant la vie continuait et c’est ainsi que Shuyin passa toute sa scolarité, brillant pas son intelligence et, assez ironiquement, par sa discrétion, car c’était un garçon qui n’aimait pas se mettre en avant, cherchant à tout prix à se cacher aux yeux des autres. Avec ses camarades, relations quasi inexistantes. Il y a là une grande part de timidité, mais pas que cela. Au fur et à mesure qu’il grandissait, Shuyin prenait conscience de la superficialité de la plupart des personnes, de par leurs discussions sans intérêt. Parallèlement, il se trouvait lui aussi sans intérêt. Tous ces points ont contribué à creuser une fosse entre lui et les autres. Et cette fosse ne cessa de s’agrandir au fil des années.

L’adolescence du jeune homme se passa plutôt paisiblement jusqu’à ses 19 ans, moments où ses parents moururent dans un accident de la route. C’est à cette période-ci que le caractère du jeune homme s’assombrit, n’ayant personne à qui parler. De toute façon, il ne cherchait pas la compagnie d’autrui et personne ne s’approchait de lui, de peur de subir ses colères. En effet, le caractère jadis discret, timide et solitaire du garçon avait fait place à un caractère renfermé, sombre et, parfois même, colérique. Des plus introvertis, il s’extériorisait rarement mais, lorsqu’on le poussait à bout, il relâchait tous ce qu’il avait en lui, comme un barrage qui éclaterait sous la pression des eaux, déversant celles-ci sur quiconque se trouverait devant lui.

Quelques années plus tard, un beau jour d’automne, Shuyin fit la connaissance d’une jeune fille qui suivait des cours avec lui. Elle était son total opposé : une chevelure enflammée, des yeux pétillants, une énergie folle et une sérénité à toute épreuve. Pourtant, comme Shuyin, elle paraissait très individualiste. Quelques mois passèrent avant qu’ils commencent à faire réellement connaissance et se parlent. Si bien que, au bout de quatre mois, ils laissèrent leur amour s’exprimer au grand jour. Alors qu’arrivèrent les belles et chaudes journées de juin, les deux amants se voyaient chaque fin de journée au bord de la mer, laissant libre court à leurs sentiments.

Lors d’une chaude soirée de juillet, alors que Shuyin allait avoir vingt-trois ans, sa belle compagne l’attendait, dans une longue robe blanche, ayant préparé un romantique dîner en tête-à-tête. Il avait, là, devant lui, tout ce qu’il souhaitait sur cette terre : son amour. Elle était l’origine de sa joie, de son bonheur. Après le repas, elle sortit quelque chose de son sac : il s’agissait d’une fine chaîne en argent au centre de laquelle se trouvait un anneau lui aussi en argent, un anneau que la belle jeune fille portait toujours sur elle. Mais, alors que Shuyin allait prendre la chaîne en question, on entendit un curieux bruit provenant de la mer. Soudain, la pleine lune fut camouflée par une ombre noir qui ne cessait de s’agrandir. Prévoyant la catastrophe qui allait s’abattre sur eux, Shuyin prit son aimée avec lui pour fuir mais… trop tard ! Un raz de marée s’abattit sur la côte, les emportant par la même occasion. Perdant la main de sa belle, Shuyin continuait de crier son nom alors que la mer les séparait inextricablement. Cette nuit fut la dernière où il l’a vue.